Un rêve de médecin

Les visages derrière le développement d’un nouveau médicament pour la maladie du sommeil

Pendant des décennies, des médecins en République Démocratique du Congo ont rêvé de meilleurs traitements contre la maladie du sommeil pour les patients vivant dans des régions reculées.

Le fexinidazole, premier traitement entièrement oral pour les deux stades de la maladie du sommeil, a été approuvé en novembre 2018.

Voici l’histoire des médecins, des patients et des scientifiques qui ont contribué à cet événement :

16 Novembre 2018

Alexis Mukwedi est assis sur une chaise en bois à l’ombre d’un grand arbre dans le village de Lwano, ses yeux injectés de sang écarquillés de peur. Une équipe mobile d’agents de santé était arrivée la veille avec un chargement de microscopes, de générateurs, d’appareils diagnostiques et d’autres matériels, dans ce village reculé au fin fond de la brousse dans la Province du Bandundu en République Démocratique du Congo (RDC).

Après plusieurs analyses de sang, le diagnostic d’une maladie mortelle qui est synonyme de peur dans ce pays avait été confirmé plus tôt dans la matinée : la maladie du sommeil. Ce jeune père et pêcheur se sentait mal depuis un moment déjà – il était fiévreux, dormait pendant la journée, ne dormait pas la nuit et se plaignait de tics nerveux.

Le Dr. Kande examine Alexis

Le Dr. Kande examine Alexis

Le Dr. Kande examine Alexis

Derrière Alexis, un médecin âgé examine avec expertise ses ganglions enflés, à la recherche d’un signe révélateur de la maladie. Au bout de quelques instants, le médecin – qui avait clairement fait cela des milliers de fois auparavant – hoche lentement la tête en s’éloignant. «C’est la maladie du sommeil,» confirme le Dr. Victor Kande.

Le Dr. Kande avait effectivement déjà pratiqué cet examen un nombre incalculable de fois. Il a traité des milliers de patients atteints de la maladie du sommeil tout au long de sa carrière – depuis l’époque où il était un médecin local dans la région reculée de l’Équateur en RDC – jusqu’à sa nomination de Directeur du Programme National de Lutte contre la Maladie du Sommeil de la RDC. Il est l’investigateur principal d’une étude clinique sur un médicament appelé le fexinidazole, un traitement amélioré de la maladie du sommeil, administré sous forme de comprimés, entièrement par voie orale, pendant 10 jours. Ce traitement est celui dont il rêvait depuis des décennies.

Le Dr. Kande traverse le fleuve Kwilu pour rejoindre l’Hôpital de Bagata

Le Dr. Kande traverse le fleuve Kwilu pour rejoindre l’Hôpital de Bagata

Le Dr. Kande traverse le fleuve Kwilu pour rejoindre l’Hôpital de Bagata

L’équipe mobile était venue de l’Hôpital de Bagata voisin, un des sites de cette étude clinique. Une fois le diagnostic de maladie du sommeil posé chez Alexis, les agents de santé lui ont demandé s’il voulait participer à une étude. Il a accepté.

«Il a peur,» explique le Dr. Kande pendant que les agents de santé préparent Alexis pour le voyage jusqu’à Bagata. «Les gens ont peur de cette maladie, mais ils ont aussi peur des traitements.»

Pourquoi ? Pendant des décennies, le seul traitement existant pour la maladie du sommeil était un médicament à base d’arsenic qui tuait un patient sur 20. Les traitements plus récents sont sans danger mais ils nécessitent une longue hospitalisation et de nombreuses injections.

Alexis recevra le fexinidazole dans le cadre d’une étude clinique. Ce traitement devrait révolutionner la prise en charge de cette maladie. Note: Le fexinidazole a été autorisé en novembre 2018 et enregistré en RDC en décembre 2018.

Voici comment le rêve du Dr. Kande est devenu réalité:

Des centaines de personnes issues de disciplines diverses ont contribué au succès du fexinidazole, qu’il s’agisse des scientifiques de DNDi (initiative Médicaments contre les Maladies Négligées ou Drugs for Neglected Diseases initiative), l’organisation à but non lucratif de recherche et développement (R&D) qui a mené les études sur le traitement en Afrique, ou des chercheurs de Sanofi, le groupe pharmaceutique qui s’est associé à DNDi pour le développement de ce médicament. Enfin, ce succès n’aurait pas été possible sans les agents de santé de première ligne en RDC, et sans les patients qui ont accepté de participer à l’étude clinique.

Mais notre récit commence avec les mouches tsé-tsé. Elles piquent près des rivières, des lacs et des marais qui parcourent la RDC, un pays qui regroupe à lui seul près de 80% des cas de maladie du sommeil.

Notre périple commence donc sur les rives d’un fleuve…

Actuellement, environ 65 millions de personnes sont exposées au risque de la maladie du sommeil dans les zones rurales d’Afrique sub-saharienne. Lorsqu’une mouche tsé-tsé pique une personne pour se nourrir de sang et qu’elle lui transmet en même temps le parasite responsable de la maladie du sommeil, la personne développera des symptômes tels que fièvre et frissons, souvent confondus avec ceux du paludisme.

Le deuxième stade de la maladie apparaît lorsque les parasites pénètrent dans le système nerveux central. Les patients développent alors des symptômes neuropsychiatriques terrifiants, tels qu’agressivité, psychose et perturbations débilitantes du sommeil. Sans traitement, la maladie est presque toujours mortelle.

Les registres de RDC regorgent de descriptions spectaculaires de la maladie du sommeil et de ses symptômes. Les documents coloniaux font état de régions entières désertées à cause des mouches tsé-tsé. Les légendes locales dans les villages parlent de sorcellerie et de magie noire, parce que la maladie provoque des troubles du comportement dramatiques chez les personnes atteintes.

Bien que la maladie du sommeil ait été décrite dès les premières civilisations africaines, les changements violents apportés par le colonialisme ont déclenché les premières épidémies à grande échelle à la fin du 19ème siècle. Jusqu’à 500'000 personnes sont mortes au cours d’une épidémie au Congo Belge dans les années 1890, et 200'000 sont mortes de la maladie du sommeil en Ouganda lorsque le pays était sous contrôle britannique.

Les autorités coloniales des pays les plus touchés ont alors mis en place des campagnes à long terme d’élimination de la maladie. Des chercheurs européens ont sillonné le Congo tandis que des équipes mobiles françaises sont allées au plus profond des forêts camerounaises, pour appliquer la méthode Jamot de détection et de traitement des cas.

Dans les années 1960, cette approche avait permis de faire baisser le nombre de cas à moins de 5'000 par an. Cependant, l’indépendance a conduit à la fin de l’aide internationale, et le manque de ressources a fortement pénalisé les activités de dépistage et de lutte contre les mouches tsé-tsé. Les cas de maladie du sommeil ont commencé à revenir.

Pendant les années 1990, les guerres et les conflits se sont intensifiés au Soudan et en RDC. Après des années de négligence dans les années 1960, des épidémies de maladie du sommeil se sont déclarées dans ces pays, aggravées par les déplacements massifs de populations, la pauvreté et la violence.

Pendant les années 2000, la communauté internationale s’est mobilisée. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a signé un accord de don avec des industries pharmaceutiques telles qu’Aventis (devenue ensuite Sanofi) et Bayer pour favoriser l’accès aux traitements et la lutte contre la maladie. L’aide internationale a commencé à revenir. Le nombre de cas rapportés est tombé en-dessous de 10'000 pour la première fois depuis des décennies. En 2017, seuls 1'447 cas ont été déclarés à l’OMS.

L’élimination de la maladie du sommeil semble désormais à portée de main.

Du cauchemar au rêve - L’évolution du traitement de la maladie du sommeil

Rien ne résume la frustration des médecins de la maladie du sommeil mieux que le redoutable mélarsoprol à base d’arsenic (parfois connu sous le nom d’Arsobal).

Découvert dans les années 1940, le mélarsoprol tuait un patient sur 20 à cause de sa toxicité. Si le médicament entrait en contact avec la peau, il provoquait des brulures sévères qui se soldaient parfois par des amputations.

Les médecins se rappellent que les patients hurlaient pendant les injections de médicaments à base d’arsenic. Les patients évitaient de se rendre à l’hôpital pour être traités par peur des effets secondaires et du risque de décès, même après avoir reçu un diagnostic de maladie du sommeil.

Madeleine Mouzela Kafuti a reçu le mélarsoprol en 2000. « J’avais très peur,» se rappelle-t-elle. « Je connaissais de nombreuses personnes mortes à cause de ce traitement. »

Madeleine Mouzela Kafuti a reçu le mélarsoprol en 2000. « J’avais très peur,» se rappelle-t-elle. « Je connaissais de nombreuses personnes mortes à cause de ce traitement. »

C’est cette situation inimaginable qui a conduit les médecins de Médecins Sans Frontières (MSF) à réclamer la création de DNDi au début des années 2000. MSF était en première ligne lors des épidémies de la maladie du sommeil dans les années 1990, et les médecins revenant du terrain racontaient l’horreur de ces traitements toxiques.

Une action devait être menée.

« C’était comme du feu et mes veines étaient devenues noires, » raconte Dieudonné Likilo Taetae, qui a reçu le mélarsoprol en 2003.

« C’était comme du feu et mes veines étaient devenues noires, » raconte Dieudonné Likilo Taetae, qui a reçu le mélarsoprol en 2003.

Après le décès de sa femme suite à la maladie du sommeil en 2003, Jean Osombindeliye (sous la moustiquaire dans la photo) a parcouru 35 km en vélo avec ses deux enfants pour se rendre à la clinique de MSF d’Isangi sur le fleuve Congo. Ses deux enfants dormaient toute la journée et il avait très peur.

Vélo sur lequel Jean a transporté ses enfants jusqu’à la clinique de MSF

Vélo sur lequel Jean a transporté ses enfants jusqu’à la clinique de MSF

Jean Osombindeliye chez lui

Ses deux enfants ont été traités et guéris, mais son fils Dominique souffre toujours de symptômes neurologiques – il erre dans le village et il est incapable d’aller à l’école. Les médecins attribuent ces effets au mélarsoprol ou aux effets à long terme de la maladie du sommeil, ou aux deux.

Au bout de quelques temps, Isangi est devenu un site important pour les études cliniques menées par MSF et DNDi sur un nouveau traitement appelé NECT, une association d’eflornithine et de nifurtimox. Dominique a été embauché pour travailler sur le site comme agent de sécurité. NECT a été autorisé en 2009, et ce traitement a finalement remplacé le mélarsoprol dans le pays. Les médecins l’ont surnommé « la première révolution thérapeutique ».

Mais NECT ne correspondait pas complètement au rêve du Dr. Kande et des autres médecins congolais. Bien qu’il soit extrêmement efficace sur le deuxième stade de la maladie du sommeil, NECT est difficile à transporter, à stocker et à administrer.

De grandes boîtes encombrantes de NECT doivent être transportées de Kinshasa vers des coins reculés de RDC – un voyage qui commence souvent en bateau en suivant les berges du fleuve pour arriver jusqu’à des régions éloignées. Les patients doivent être hospitalisés pendant 10 jours pour recevoir les perfusions intraveineuses quotidiennes.

Il fallait trouver un traitement facile à prendre par voie orale, surtout pour traiter le deuxième stade de la maladie.

Le meilleur de la recherche clinique sur le terrain

Masi Manimba

Isangi n’était pas le seul site reculé pour les études sur la maladie du sommeil au Congo. Plusieurs hôpitaux, où autrefois les personnes recevaient des traitements toxiques, sont devenus des centres de recherche clinique – une transformation qui aurait été difficile à imaginer à l’époque. Pour mener des études cliniques dans ces régions, DNDi a réhabilité ces centres pour les mettre en conformité avec les normes internationales de recherche clinique, en rénovant les locaux et en installant le matériel de laboratoire nécessaire, des panneaux solaires et même une connexion internet.

Un site de DNDi est tellement associé à la maladie du sommeil que la ville où il est situé porte le nom de la maladie.

Masi Manimba, situé dans la région de Bandundu, signifie « le lieu où les gens dorment » dans la langue locale Kikongo, et les habitants sont persuadés que ce nom vient de la maladie du sommeil. Les personnes sont piquées par les mouches tsé-tsé pendant leur travail dans les champs ou les pêcheries dans les vallées de la région.

Le technicien de laboratoire Léon Katunda travaille dans le pavillon de DNDi à l’Hôpital Général de Référence de Masi Manimba, devenu un site d’étude clinique de DNDi en RDC. Il travaille sur la maladie du sommeil depuis 16 ans, après avoir commencé avec les équipes mobiles qui se rendaient dans les villages reculés pour dépister la maladie du sommeil.

Aujourd’hui Léon a recruté deux patients dans les études cliniques de DNDi. Ils ont été amenés au site de l’étude par des équipes mobiles, et ils attendent dans le pavillon de DNDi, situé derrière l’hôpital.

Mais ils doivent d'abord subir un autre examen médical étroitement associé à la maladie du sommeil : la ponction lombaire. Pour voir si un patient est au deuxième stade de la maladie du sommeil, les médecins doivent prélever un échantillon de liquide céphalo-rachidien pour vérifier si les parasites ont envahi le système nerveux central. «Nous n’aimons pas infliger un examen douloureux à nos patients, » déclare Léon pendant qu’il prépare avec douceur un patient. « Mais nous leur expliquons que sans la ponction lombaire, nous ne pouvons pas les traiter. »

Les deux patients grimacent au moment où Léon introduit l’aiguille dans le bas du dos sans anesthésie. Mais ils sont courageux, et ils font comme s’ils ne sentaient presque rien. Léon recueille l’échantillon de liquide céphalo-rachidien.

Les échantillons sont ensuite analysés par l’équipe clinique. L’opération est supervisée par le Dr. Willy Kuziena, Investigateur pour les études de Masi Manimba. Les échantillons sont examinés au microscope avec l’aide d’un logiciel spécialisé et d’une tablette capable de prendre des photos. Les images peuvent ensuite être envoyées grâce à la connexion internet du site.

Dr. Willy a consacré des années de sa vie au développement du fexinidazole et il ne pourrait pas être plus heureux.

« De nombreux patients ne veulent pas se rendre à l’hôpital parce qu’ils ne veulent pas s’absenter de leurs champs trop longtemps, » explique-t-il. «Le fexinidazole serait un progrès énorme parce que nous pourrions traiter les patients dans un centre de santé local et le personnel infirmier n’aura pas besoin d’une formation spécialisée. »

Nous tenons ici la « deuxième révolution » que les médecins appelaient de leurs vœux, après NECT.

La technicienne de laboratoire Georgine Kambela dans le laboratoire de DNDi

La technicienne de laboratoire Georgine Kambela dans le laboratoire de DNDi

Dans le laboratoire DNDi à Masi Manimba

La technicienne de laboratoire Georgine Kambela dans le laboratoire de DNDi

La technicienne de laboratoire Georgine Kambela dans le laboratoire de DNDi

Dans le laboratoire DNDi à Masi Manimba

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Le technicien de laboratoire Léon Katunda

Les échantillons sont analysés

Les échantillons sont analysés

Les échantillons sont analysés

Les échantillons sont analysés

Les échantillons sont analysés

Les échantillons sont analysés

Dr. Willy Kuziena, Investigateur pour les études de Masi Manimba

Dr. Willy Kuziena, Investigateur pour les études de Masi Manimba

Dr. Willy Kuziena, Investigateur pour les études de Masi Manimba (gauche)

Bandundu

L’hôpital de Bandundu héberge un autre site de DNDi en RDC, situé à Bandundu sur le fleuve Kwango. Le Dr. Hélène Mahenzi est l’investigateur de l’étude et elle gère les études de DNDi depuis six ans. Environ 160 patients ont été recrutés par son équipe, un chiffre dont elle est fière, surtout dans cette région où les études cliniques sont inconnues et les capacités limitées.

Aujourd’hui, elle examine un patient qui n’était pas inclus dans l’étude. Le patient, Jonathan Kidima, est un étudiant de 24 ans. Le centre de DNDi reçoit aussi des patients qui ne participent pas aux études cliniques. Jonathan étant atteint de la maladie du sommeil au deuxième stade, il recevra NECT – le traitement de référence du moment.

À la nuit tombée, il est l’heure d’administrer à Jonathan sa perfusion du soir. Mama Philomène, la mère de Jonathan, est assise au chevet de son fils. Elle a emmené son fils à l’hôpital de Bandundu situé à plus de 60 km de son village.

Dr. Hélène examine Jonathan

Dr. Hélène examine Jonathan

Dr. Hélène examine Jonathan

C’est son premier enfant à avoir contracté la maladie du sommeil. « Il est malade depuis sept mois – il dort beaucoup, il se fâche – il attaque même ses amis, » dit-elle. « Il ne travaille plus à l’école, et il ne respecte plus son père et sa mère. »

« C’est difficile pour moi d’être ici – mes enfants sont seuls au village maintenant, » ajoute-t-elle.

Dr. Hélène devant la quantité de traitements NECT pour un patient

Dr. Hélène devant la quantité de traitements NECT pour un patient

Dr. Hélène devant la quantité de traitements NECT pour un patient

Dr. Hélène observe le traitement de loin. Le soleil s’est couché et elle est fatiguée après une longue journée.

« NECT est un traitement extrêmement efficace, mais il est difficile à administrer jour et nuit – c’est aussi difficile pour les familles,” explique Dr. Hélène pendant que son équipe administre les médicaments. « Le fexinidazole sera un progrès énorme. »

Dr. Hélène debout devant le pavillon de la maladie du sommeil, sur le devant duquel est dessiné une mouche tsétsé

Dr. Hélène debout devant le pavillon de la maladie du sommeil, sur le devant duquel est dessiné une mouche tsé-tsé

Dr Hélène dans son laboratoire

Les perfusions de NECT doivent être administrées à heure fixe, mais l’administration du fexinidazole est plus simple.

Les perfusions de NECT doivent être administrées à heure fixe, mais l’administration du fexinidazole est plus simple.

Les perfusions de NECT doivent être administrées à heure fixe, mais l’administration du fexinidazole est plus simple.

Mama Philomène

Mama Philomène

Mama Philomène

Les études cliniques de DNDi ont été menées dans 10 sites en RDC et en République Centrafricaine

Plus de 740 patients ont été recrutés









Les équipes mobiles soutenues par DNDi ont dépisté plus de 2 millions de personnes en RDC pour la maladie du sommeil

Genese Luyantiku Sindani est une agricultrice âgée de 38 ans et mère de quatre enfants – deux garçons et deux filles. Elle vit à Masi Manimba. Elle est douce mais elle devient mélancolique lorsqu’elle raconte comment elle battait ses enfants lorsqu’elle souffrait de la maladie du sommeil.

Elle est tombée malade en 2011. Elle avait mal à la tête, mal au dos et de la fièvre. « J’ai commencé à frapper mes enfants et je ne pouvais pas me contrôler, » dit-elle.

Ceci étant dit, elle ne se rappelle pas très clairement cette époque. Elle s’était rendue à l’hôpital de Masi Manimba pour son traitement : « Les médecins m’ont fait des prises de sang et une ponction lombaire qui m’a fait très mal. » Elle a été admise dans les études cliniques sur le fexinidazole. « Je suis guérie maintenant, » déclare-t-elle.

« Genese a pu avoir deux enfants après son traitement, » commente Dr. Willy. « C’est un aspect important, parce que la maladie du sommeil peut provoquer une infertilité voire une stérilité chez les femmes en âge de procréer. »

Dr. Willy avec Genese

Dr. Willy avec Genese

Dr. Willy avec Genese

François Ndona, 18 ans, emporte sa bible partout où il va.

Il vit à Masi Manimba et il a survécu à la maladie du sommeil. En 2012, une équipe mobile venue dans son école a découvert qu’il était atteint de la maladie du sommeil. Il se rappelle : « J’étais très agité. Je voulais toujours me bagarrer avec les autres enfants et je me battais à l’école. À la maison, j’étais toujours fâché. »

Il était à l’école secondaire. « J’avais des maux de tête et des ganglions gonflés. » Il était puni à l’école à cause des bagarres qu’il provoquait.

Il a été traité en 2012 avec le fexinidazole dans le cadre d’une étude clinique. « Je ne me bats plus, je ne me sens plus comme quand j’avais la maladie du sommeil. » Il étudie maintenant pour travailler dans la construction.

De retour à Bagata, le Dr. Kande traverse les passages couverts de l’hôpital construit à l’époque coloniale. Le soleil couchant du Congo baigne le décor dans une magnifique lumière orangée. Les pêcheurs debout dans leur pirogues étroites partent pour la nuit sur le fleuve Kwilu qui borde l’hôpital. Tout est calme.

Lorsque le médecin arrive devant le pavillon de DNDi, il s’attarde sur le spectacle.

Il y a quelques décennies, le service était chaotique alors que maintenant c’est un site clinique bien organisé. Les boîtes de traitements toxiques ont été remplacées par des microscopes, des ordinateurs et des panneaux solaires. Les lits – autrefois débordants de patients sous perfusion entourés de leur famille – sont désormais vides.

Un simple visiteur de passage ne pourrait pas imaginer les innombrables récits de souffrance vécus dans ce service.

Mais pas le Dr. Kande. Comme de nombreux médecins congolais qui ont consacré leur vie à lutter contre la maladie, l’évolution de la maladie du sommeil depuis un siècle lui a appris une chose.

La maladie peut réapparaître.

« Nous avons accompli ce progrès énorme en seulement dix ans - passer d’un traitement qui tuait les patients à un simple comprimé, » dit le Dr. Kande. « Nous ne voulons pas repartir en arrière. Avec un peu de chance, le fexinidazole signera la fin de ce cycle terrible. »

Le Dr. Kande monte dans son solide 4X4 Land Cruiser, portant les logos de DNDi et de MSF, et s’engouffre dans la nuit noire congolaise, en route pour le prochain site clinique.

Un rêve de médecin

Pour plus d’informations sur le fexinidazole et la maladie du sommeil, veuillez cliquer ici

Photos par Xavier Vahed et Neil Brandvold

#maladiedusommeil

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